We all float down here : Çà, la critique


Adapté du roman éponyme du grand et talentueux Stephen King, paru en 1986, et déjà porté sur les écrans en 1990 par Tommy Lee Wallace, "Çà" nous plonge dans la petite ville de Derry, Maine, où les enfants disparaissent mystérieusement les uns après les autres. Frappés tour à tour par l’apparition de cette chose machiavélique, possédant diverses formes, mais plus connu sous le nom de Grippe-Sous le Clown dansant, 7 jeunes adolescents vont se réunir, sous le nom du "Club de Ratés", pour affronter ce mal qui émerge des égouts tous les 27 ans. Prenez un ballon et une couche bien absorbante, voici la critique du film Çà, partie 1.

C'est parce que j'attendais ce film plus que le messie, et que je voue un amour inconditionnel à Stephen King, que je n'ai pas pu m’empêcher de vous partager ma critique pour la semaine de l'horreur. Mais c'est aussi parce que l'on nous offre une bonne adaptation d'une oeuvre de Stephen King. Et pas n'importe laquelle, comme il l'a lui même dit dans une récente interview, il s'agit de son oeuvre la plus aboutie et la plus personnelle.
Le challenge a été relevé par Andrès Muschietti (Mama) qui nous offre un très bon film, et non pas uniquement un très bon film d'horreur : le tout est excellent.


Le ton est donné dès les premières minutes : le film joue sur les peurs les plus enfouies, comme le fait Grippe-Sou avec ses victimes, et dès sa première apparition on nous montre sans détour l'aspect sanglant, à la limite du gore, et la réalisation n'hésite pas à choquer le public avec le meurtre frontal d'un enfant, notre petit et innocent Georgie Denbrough.
Dans le film, le rapport à l'enfance est dur et on ne rechigne pas à franchir le pas du malsain, avec notamment un monde d'adultes vraiment opressant, comme les parents des protagonistes avec qui ils entretiennent des relations dérangeantes et clairement vicieuses.
La photographie du film joue beaucoup sur l'aspect malsain : Les décors extérieurs seront toujours très conviviaux, voir fleuries, avec des couleurs chaleureuses de petite bourgade de campagne, à l'exception de la terrifiante maison abandonnée sur Neilbot Street. En revanche, les décors intérieurs, là où l'action se déroule en général, seront lugubres, maussades, froid, avec des tons gris et des couleurs ternes.
La bande-son renforce le tout. J'ai vu passer beaucoup de critiques négatives au sujet de la musique, comme quoi elle était omniprésente, mais je l'a trouve pour ma part essentielle à l'ambiance et à la mise en scène : Elle soutient le rythme du récit et accroît le malaise ambiant. De plus, elle s'ajoute très bien avec le jeu des bruits et des sons pour nous immerger un peu plus dans l'angoisse et nous laisser pressentir qu'on va passer un sale quart d'heure !


C'est précisemment ici que vous devez vous munir d'une couche culotte bien absorbante.

Bill Skarsgård, interprétant le rôle de Pennywise (Grippe-Sou en V.F), le clown dansant, incarnation préférée de "Çà", est impressionnant. Dépassant les 2m de haut, avec ses1m95 naturel et avec les talonnettes de son déguisement, pas besoin d'effets spéciaux pour vous glacer le sang : face aux enfants, c'est un monstre.
Il incarne parfaitement le clown, très joueur, qui aimera d'abord vous torturer l'esprit et se nourrir de vos peurs, plutôt que de vous déguster direct aux petits oignons.
L’interprétation livrée par Bill Skarsgård est différente de celle de Tim Curry en 1990 : son costume était plus coloré et collé très bien avec sa personnalité farceur, bizarrement jovial, et qui ne laissait pas le temps aux victimes de voir la menace arrivée. Alors qu'ici, dans le remake, le costume est terne, sale, seuls les pompons ressortent, les ballons sont simplement rouge (contrairement à ceux de l'époque, qui étaient tous d'une couleur différentes) et préférera vous rendre fou que de vous faire des farces.
La mise en scène des apparitions du clown sont très soignées, très esthétiques et très théâtrales. Une touche d'originalité qui fait du bien dans un film d'horreur.
Pennywise va apparaître aux enfants 1 par 1. Il fera d'abord des apparitions brèves mais très marquantes, et sera omniprésent quand la chasse aux œufs de pâques sera officiellement ouverte.


"Your hair is winter fire
January embers
My heart burns there, too"

On arrive au gros point fort du film : Le Loser Club (Le Club des Ratés). Composé de Bill Denbrough (Jaeden Lieberher), Mike Hanlon (Chosen Jacobs), Richie Tozier (Finn Wolfhard), Stanley Uris (Wyatt Oleff), Bervely Marsh (Sophia Lillis), Ben Hanscom (Jeremy Ray Taylor) et Eddie Kaspbrak (Jack Dylan Grazer).
A la lecture du livre, ces enfants étaient déjà la chose qui m'épatée le plus : de par la puissance de ces personnages, de leurs personnalités uniques et fortes, et par la force qu'ils apportaient au récit.
Ce film est également un très beau film sur l'amitié et sur la solidarité : Les Losers feront face au clown, et autres apparitions terrifiantes de Çà, mais surmonteront aussi ensemble les épreuves de l'adolescence, notamment avec les raclures du lycée Henry Bowers (Nicholas Hamilton), Patrick Hocksetter (Owen Teague), Victor Criss (Logan Thompson) et Reginald Huggins/Le Roteur (Jake Sim), et la découverte de certaines transitions entre l'enfance et l'age adulte. On est obligé de complètement s'attacher au club et de traverser ses étapes avec eux.
Andrès Muschietti a su maîtriser toutes ces émotions et leurs faire prendre vie à l'écran, avec un casting de qualité et un jeu impressionnant de la part d'aussi jeunes acteurs.


Andy Muschietti a réussi à capter "l'esprit Stephen King" : on est chamboulé par tous les sentiments possibles et inimaginables : on passe de l'angoisse, à la terreur réelle,- parce qu'il n'y a pas de détour, il n'y a rien de subjectif, l'horreur est bien présente et on se la prend en pleine face -, puis aux rires parce que c'est aussi un film qui a du cœur. On est torturé et choqué. Viens l'amour, la perte de l'innocence de ce groupe inséparable, qui s'aime d'une façon inconditionnelle,,qui découvre la vie et le monde des adultes de façon brutale. "Çà", s'inscrit de loin dans les meilleurs films d'horreur de cette décennie et a rencontré un succès incroyable et mérité.

N'hésitez pas à partager avec moi sur Çà, ou me dire si vous êtes partis vous mettre en PLS à cause de ce gif, par commentaires, sur Twitter ou sur Facebook !



Laure Eileen Rose

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